Mon travail sur les Akhas, initié il y a dix ans lors d'un premier séjour dans le Nord de la Thaïlande, se compose d'instantanés photographiques de la vie ordinaire, mais aussi des principales fêtes et cérémonies qui rythment la vie et les saisons.
Il n'a été possible que par les relations étroites nouées avec la population Akha des différents villages qui m'ont régulièrement et durablement accueillie.
Car je prend le temps, Beaucoup de temps. Lui seul permet d'établir les liens qui ouvrent les portes, donnent accès aux savoirs, aux croyances, et parfois même aux confidences.
Cela m'a aidé aussi à mieux saisir ce moment charnière qu'ils vivent, cette bascule qui peut leur être vertigineuse, quand les coutumes et les traditions sont mises à l'épreuve de la modernité qui s'impose. Il faut aller tenter de découvrir comment se négocie chaque vie, ce qui s'y joue, comprendre les subtiles différences entre ceux qui sont dans l'angoisse de la perte des valeurs anciennes, ceux qui les perpétuent dans leur manière ancestrale de faire, et aussi ceux qui basculent sans état d'âme, très naturellement.

Ce travail que je consacre aux Akhas relève d'une forme d'urgence. Il manifeste un besoin de résistance par le simple fait de reconnaître à ce peuple la richesse de son histoire, le quotidien d'une culture menacée et leur droit à préserver des pratiques pour l'essentiel fondées sur la quête incessante de l'harmonie entre l'homme et la nature.